Faire le choix du bon aspirateur
On ne redira jamais assez combien l’aspirateur silencieux a révolutionné notre façon d’envisager le ménage, combien il s’est montré utile dans notre rapport à cet objet qu’autre fois on vouait aux gémonies. Rien qu’à l’idée de le sortir de son placard où l’on avait remisé bien au fond, des envies impérieuses de suicide nous gagnaient. On imaginait déjà que durant le temps où l’on manierait ce fichu balai, ce serait fini de notre tranquillité, que notre maison ressemblerait à une maison en état de siège, à la croisée des feux ennemis, subissant sans relâche les bombardements de l’aviation qui repasserait inlassablement au-dessus de nos toitures, fracassant nos murs, terrorisant nos chats et chiens, faisant hurler à la mort nos enfants, rendant nos conjoints de mauvaise humeur. Sans compter avec les voisins qui se mettraient de la partie en aboyant furieusement quand ils ne se mettraient pas, à leur tour, à marteler avec leurs balais nos plafonds et nos murs, nous conjurant d’acheter au plus vite un aspirateur nouvelle génération.
Désormais, grâce au recours d’un aspirateur silencieux, tout se déroule dans le plus grand calme. Léger, souple, puissant, l’aspirateur glisse sur les parquets, vagabonde sur les tapis, danse le tango avec la moquette sans émettre un quelconque bruit. On peut désormais écouter la radio ou sa musique préférée tout en jonglant avec son balai mécanique. Qui plus est, désormais notre modèle sera un aspirateur silencieux sans sac. Au revoir l’insupportable corvée de vider cet horrible sac qui peluchait de partout, où la poussière s’accrochait aux filtres et ne voulait pas en bouger, où elle se répandait dans toute la pièce au moment du transvasement toujours délicat à opérer dans la poubelle. Un vrai chemin de croix. D’autant plus que bien souvent la poussière s’emberlificotait avec le tuyau et le bouchait; du coup le moteur acariâtre se mettait à vrombir comme jamais et poussait des cris d’épouvante, éructait des sons atroces à entendre, comme des gargouillis venant de la gorge d’un dragon pris d’une furieuse quinte de toux.
Ce n’était pas tout. Lorsque n’existait pas encore l’aspirateur silencieux et puissant, il fallait déployer une force herculéenne pour aspirer la poussière. Celle-ci s’accrochait au parquet, ne voulait pas décamper, refusait d’être aspirée. On avait beau passer et repasser la bouche d’aspiration, au point de creuser un trou à même le parquet, elle résistait farouchement. On finissait l’épreuve en sueur, exténuée, épuisée, les oreilles en bouillies, les jambes en carton, les bras tuméfiés. Désormais ce serait presque devenu un plaisir de jouer de l’aspirateur silencieux. Tout juste si on ne se battait pas pour l’actionner et ressentir l’ineffable plaisir de manier un appareil qui répond au doigt et à l’œil, aspire la poussière en un tour de main, se faufile avec une agilité dé concertante dans tous les recoins, se joue de tous les moutons de poussières cachés sous les meubles. L’homme en a rêvé pendant des décennies, les industriels ont concrétisé son rêve. Désormais, pour quelques dizaines d’euros, il vous est permis d’acquérir un aspirateur silencieux, mais en plus pour le même prix un aspirateur silencieux sans sac, mais aussi, mais surtout un aspirateur silencieux et puissant peu gourmand en énergie, à la silhouette racée et au design futuriste. Une Rolls-Royce à la portée de toutes les bourses qui peuvent se programmer selon qu’on s’attaque à un tapis, à de la moquette, à du parquet ou à du carrelage. Un aspirateur intelligent autonome qui sait composer avec l’architecture de la pièce, se joue de tous les obstacles, aspire comme d’autres respirent.
Autrefois objet craint et redouté, synonyme d’esclavage et de tâches ménagères terrifiantes, l’aspirateur silencieux est devenu en l’espace d’une décennie l’un des outils essentiels à l’entretien de notre maison, et ce, sans plus avoir à passer par le cabinet de l’oto-rhino-laryngologiste après une séance de maniement de cet infâme et repoussant objet.